Medjugorje – partie 4 : Entrer dans le mystère de la vie de Dieu

26/10/2024

Par Mauro, Loredana e Luisa

Extrait du livre « A Medjugorje – La Madonna è viva / Colloqui con Padre Tomislav Vlašić » (À Medjugorje – La Vierge est vivante / Entretien avec le Père Tomislav Vlašić); Maison d’Edition Luci dell’Esodo

L’expérience « Medjugorje »

Beaucoup pensent que je me suis retiré et que j’ai abandonné la paroisse de Medjugorje. En réalité, je ne me suis pas retiré pour quitter Medjugorje, mais pour vivre le contenu des apparitions, pour être capable de vivre l’appel d’une manière plus profonde et plus radicale, un appel qui, dans son essence, est « de Medjugorje ». J’ai déjà mentionné que la grâce des apparitions de la Vierge est une réalité beaucoup plus profonde et plus large que la paroisse, les voyants et les pèlerins.

Après avoir quitté Medjugorje, je me suis retiré dans la solitude pour être avec le Seigneur et comprendre sa volonté. Le temps passé à Medjugorje a été un temps où la Vierge m’a préparé à une mission définitive. Le Seigneur m’a parlé de cette mission dans mon cœur, mais aussi à travers d’autres fidèles inspirés par Dieu qui ont visité Medjugorje depuis différentes parties du monde. C’est ainsi que s’est déroulé devant moi un panorama toujours plus clair du plan que Dieu veut réaliser en ce temps par l’intermédiaire de Marie.

Les événements se sont ensuite enchaînés, jusqu’au moment où le Seigneur m’a demandé une disponibilité totale, en me demandant si j’étais prêt pour une tâche spécifique. Je Lui ai répondu que j’étais prêt à faire sa volonté, malgré toutes mes limites et mes faiblesses, mais à ce moment-là, je ne savais pas encore exactement ce que c’était : c’est pourquoi j’ai dû me retirer dans le silence, pour comprendre la volonté de Dieu à travers la prière.

Je n’ai pas abandonné Medjugorje, mais j’ai tout sacrifié à Dieu pour que, par la médiation de la Vierge, son plan pour l’humanité puisse être pleinement réalisé. J’ai répondu à l’appel de Dieu selon ce que je ressentais et reconnaissais à ce moment-là. Il n’était pas du tout facile de tout laisser derrière moi, de me séparer de mes amis, des personnes chères qui m’entouraient et m’aimaient. Mais Jésus m’a demandé de tout quitter pour être avec Lui, pour écouter et comprendre plus profondément la volonté de Dieu, pour commencer une nouvelle phase de ma vie.

De nombreuses années se sont écoulées depuis cette expérience, et lorsque je les regarde aujourd’hui, les étapes franchies vers une vie retirée et de solitude me paraissent beaucoup plus claires. Je comprends mieux pourquoi tout devait se dérouler ainsi ; je comprends mieux ce que Dieu désire accomplir à Medjugorje et chez tous ceux qui y ont rencontré la Vierge.

Je vois que je n’ai quitté ni Podbrdo, ni Križevac, ni même Medjugorje, car tous les messages de la Vierge se résument à la conversion, à la paix, à la réconciliation avec Dieu et entre les hommes. Et pour y parvenir, il faut croire, prier, jeûner, se confesser, offrir sa vie à Dieu, lutter contre les forces des ténèbres, comme nous le dit Saint Paul.1 Chaque chrétien est appelé à vivre tout cela, là où il se trouve.

Voici le résumé : en me retirant dans le silence, j’ai simplement pu me concentrer plus profondément sur l’essence des messages de la Vierge, qui expriment en fin de compte la simplicité de l’Évangile, et, loin de l’activisme humain, j’ai pu me consacrer davantage à ce que Dieu veut que nous vivions par l’intercession de la Vierge.

Je vois qu’en ce moment les grâces à Medjugorje sont encore plus fortes qu’au début. Les grâces de ce temps sont si fortes qu’elles attirent ceux qui marchent vers l’éternité, vers le Dieu vivant. Et ces fidèles entrent dans le mystère de la vie, ils entrent dans cette communion dont parle l’apôtre Saint Jean à la fin de l’Apocalypse : « Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu ». « Voici que je fais toutes choses nouvelles ».2

En même temps, la puissance de ces grâces laisse de côté ceux qui ne sont pas intéressés, les laisse froids, non pas parce que Dieu les rejette, mais parce qu’ils se ferment à cette grâce de croissance, de transformation en homme nouveau.

Le scepticisme et l’immaturité se manifestent chez certains croyants. Ils se préoccupent de ce qui se passe autour d’eux, des activités extérieures, au lieu de demeurer dans le temple de leur propre âme, au lieu de s’ouvrir à Dieu pour travailler avec Lui et Lui permettre d’accomplir toutes ses promesses.

Notre appel est d’entrer dans le temple vivant de notre âme, de rester ouvert comme Marie pour que l’Esprit Saint puisse descendre, travailler en nous et nous transformer en créatures nouvelles, par la vie et le sacrifice de Jésus-Christ. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons atteindre la véritable résurrection.

Tout notre effort doit consister à vivre un lien intime avec Dieu, qui n’est pas de l’intimisme, et à travers lequel nous sommes guidés, transfigurés et introduits dans une nouveauté constante par l’Esprit Saint. Si nous avançons dans cette direction, nous ne serons pas déçus, nous ne resterons pas dans les ténèbres et nous n’entrerons pas en conflit les uns avec les autres à cause d’interprétations différentes d’un signe ou d’un secret.

Les signes et les secrets

Je ne peux pas épuiser ce sujet en quelques mots, mais je peux dire ce que je considère comme essentiel à propos des secrets. Dieu est un mystère pour l’homme ; pour l’homme, même sa propre vie est un mystère. Il marche vers ce mystère qu’est Dieu et ne pourra jamais l’épuiser, car il est infini. On ne peut marcher vers Dieu que dans la foi, l’espérance et l’amour. Les secrets dont nous parlons, en tant que signes, sont des exhortations à la conversion pour faire l’expérience des grâces, afin que l’homme apprenne à marcher vers Dieu et qu’une relation vitale se développe entre lui et Dieu. Ainsi compris, le secret n’est plus secret, mais devient un moyen pour aider l’homme à entrer dans la lumière.

Les expériences que j’ai vécues jusqu’à présent, au cours d’un long parcours, m’ont permis de voir et de reconnaître pas à pas, en moi et chez les autres, des couches profondes marquées par le mystère, qui ne peuvent être comprises ou interprétées de manière rationnelle ; elles restent des mystères accessibles uniquement à la lumière de la foi et dans une véritable communion avec les autres.

Les dix secrets dont parlent les voyants sont des connaissances spécifiques qui leur ont été données, mais on n’entre dans le mystère de la vie de Dieu que par la conversion et une vie entièrement nouvelle. La base de tout est donc de se convertir et d’entrer dans la lumière de la vie divine. Dieu nous donne continuellement des signes : toute grâce est un signe, toute impulsion est un signe ; tout peut être un signe pour l’homme ouvert à Dieu, même les simples événements de la vie quotidienne. Si l’homme était complètement ouvert à Dieu, il pourrait contempler son amour et reconnaître sa présence partout.

Certes, certains s’attardent sur les signes. À mon avis, c’est l’expression d’une immaturité dans la foi. Je peux peut-être paraître dur, mais j’ai malheureusement rencontré des gens comme cela. Après tout, nous savons que les pharisiens ont scruté les paroles de Jésus et ont cherché des signes, mais ils n’ont pas reconnu en Lui un Signe. À la fin des temps, tous les signes disparaîtront, seul Dieu subsistera.

Les voyants parlent d’un signe que la Vierge laissera sur la colline des apparitions. Quoi qu’il en soit, il ne sera qu’un signe et ne pourra jamais remplacer la foi, l’espérance et l’amour, la réponse à Dieu qui élève l’homme à la dignité d’enfant de Dieu. C’est pourquoi l’accent doit être mis sur notre relation avec le Dieu vivant.

L’Évangile nous apprend que des personnes ont été ébranlées par des signes et que, grâce à eux, elles ont progressé sur le chemin de Dieu. Les signes nous provoquent et nous rappellent. Malheureusement, les gens s’arrêtent facilement aux signes ou les recherchent continuellement ; ils attendent qu’un signe extérieur leur donne de la sécurité, les aide dans leur existence terrestre. C’est un grand piège qui conduit l’homme à s’enfermer dans l’égoïsme de l’existence terrestre. Avec une telle approche, on va à l’encontre du véritable Signe de Medjugorje, qui est la présence de la Mère de Dieu. Par la grâce de ses apparitions, nous sommes appelés à vivre avec Elle en Dieu, ce qui exige de nous une conversion continue.

La grâce des apparitions veut impliquer totalement l’homme pour qu’il se décide à vivre un changement qui le conduise à l’accomplissement de toutes les promesses, à suivre Jésus-Christ et à entrer dans sa vie. Si cette attitude de conversion continue fait défaut, les hommes deviennent égoïstes dans leur relation avec Dieu : ils prient uniquement pour eux-mêmes, pour obtenir quelque chose, ils ont recours aux prédictions, ils interprètent les secrets dans un sens négatif, apocalyptique, en les identifiant à des cataclysmes et à des catastrophes.

Ceux qui se décident pour le Royaume de Dieu, se décident pour le Dieu vivant, pour la Madone vivante et pour l’Eucharistie vivante ; ils choisissent d’être des membres vivants du Corps du Christ, c’est-à-dire de l’Église. Les fidèles sont donc appelés à entrer dans le mystère de la vie de Dieu, au lieu de continuer à attendre la révélation des secrets par les voyants, en se demandant comment ils seront, ou quand et comment le signe se manifestera sur le lieu des apparitions.

Saint Paul, dans l’épître aux Romains, l’explique bien : « Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu : c’est le culte spirituel que vous avez à rendre. Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme e vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait ».3 L’Apôtre nous invite à entrer dans la conscience que notre vie appartient à Dieu, non pas parce que nous devrions cesser de vivre, mais puisque nous avons besoin de recevoir de Dieu une vie continuellement renouvelée, une vie transfigurée. En ce sens, saint Paul invite à offrir sa propre vie en sacrifice, afin que l’homme de foi puisse surmonter tous les obstacles, comme Abraham lorsqu’il offrit son fils unique : il reçut son fils en retour de la part de Dieu et vit les promesses de Dieu s’accomplir.

L’homme incroyant cherche des signes pour avoir une fausse sécurité, il veut connaître des secrets pour pouvoir les rationaliser. Mais Saint Paul dit : « Que le renouvellement de votre jugement vous transforme e vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu ». Ce n’est qu’en mourant à nous-mêmes, comme nous l’avons promis au baptême, que nous permettons à Dieu de nous transformer. Nous sommes donc appelés à parcourir le chemin qui mène à la transformation. Dans ce pèlerinage continu vers la nouveauté, Dieu nous donne les grâces dont nous avons besoin pour pouvoir discerner sa volonté. Ce n’est qu’alors que nous pourrons entrer dans le mystère et en comprendre tous les secrets.

Dans la première lettre aux Corinthiens, au septième chapitre, parlant des différents états de vie, l’apôtre Paul dit : « Je vous le dis, frères : le temps se fait court. Que désormais ceux qui ont femme vivent comme s’ils n’en avaient pas ; ceux qui pleurent, comme s’il ne pleuraient pas ; ceux qui sont dans la joie, comme s’ils n’étaient pas dans la joie ; ceux qui achètent, comme s’ils ne possédaient pas ; ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient pas vraiment. Car elle passe, la figure de ce monde ».4 Ce texte nous invite à nous détacher de la Terre. Notre âme doit être en Dieu, alors Dieu nous donnera aussi ce qui est nécessaire à cette vie terrestre. Cela ne signifie nullement qu’il faut négliger ses devoirs, mais que notre esprit doit s’unir à l’Esprit Saint, afin de ne pas être conditionné par les choses terrestres, par ce qui est corruptible. Cela nous donne la possibilité de progresser et d’atteindre cette vie que le Seigneur nous a promise.

Comment sera notre vie selon les promesses de Dieu ? Il nous a promis quelque chose que nous pouvons trouver en nous-mêmes : toutes ses promesses sont en nous, comme toute vie se trouve dans une graine ; et tout se développe en nous en fonction de notre réponse, dans un abandon total.5

Jésus, dans l’Évangile, répondant à la dispute sur le mariage et à la question sur la femme que sept frères avaient prise pour épouse, dit clairement : « Aussi bien ne peuvent-ils plus mourir, car ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de la résurrection ».6 Cette phrase ne nous provoque-t-elle pas ? Ne nous interpelle-t-elle pas avec cette nouveauté que l’homme et toute l’humanité sont appelés à être transformés, à devenir comme le Fils de Dieu ?

1 Cf. Ep 6, 10-20

2 Cf. Apocalypse 21, 3-5

3 Cf. Rom 12, 1-2

4 Cf. 1Cor 7 ; 29-31

5 Cf. Apocalypse 21

6 Cf. Lc 20: 36