Medjugorje – Marie, au pied de la croix, s’est offerte au Père avec Jésus

14.12.2024

Par Mauro, Loredana e Luisa

Extrait du livre « A Medjugorje – La Madonna è viva / Colloqui con Padre Tomislav Vlašić » (À Medjugorje – La Vierge est vivante / Entretien avec le Père Tomislav Vlašić) ; Maison d’Edition Luci dell’Esodo

Quelles sont les étapes nécessaires pour répondre à cet appel à offrir sa vie ?

L’Écriture Sainte regorge d’indications et d’exhortations ; la doctrine et la tradition de l’Église enseignent que l’unique chemin est le passage pascal vécu par Jésus. Si notre Seigneur Jésus est passé par le sacrifice de la croix pour notre salut, cela signifie que le même processus s’applique à nous, que nous devons nous aussi parcourir le chemin qu’Il a emprunté pour apprendre à le connaître. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons expérimenter la puissance de sa résurrection et vivre la communion avec ses souffrances.[1] La puissance de la résurrection ne peut être expérimentée que si nous partageons les souffrances du Christ. L’offrande de la vie est le but que tous les chrétiens doivent atteindre, mais il faut du courage pour s’engager sur ce chemin.

Le premier pas nécessaire pour offrir la vie est de se décider pour Dieu. Il peut nous sembler que nous nous sommes décidés pour Dieu, mais nous devons vérifier si cette décision est authentique ou non. Nous pouvons aller à l’église, fréquenter un groupe de prière, accomplir les rites et les préceptes, mais si quelqu’un nous dit un mot qui ne nous plaît pas, c’est l’enfer en nous ! Cela signifie que nous ne nous sommes pas décidés pour Dieu ! Et nous pouvons être tellement écrasés par ce qui se passe dans le monde et dans notre vie, que nous avons du mal à respirer spirituellement et à sentir la puissance de l’Esprit Saint. Cela signifie que nous n’avons pas mis Dieu au premier plan et que nous n’avons pas découvert la prière qui nous ouvre complètement à Dieu. Nous sommes intérieurement divisés entre de nombreuses choses. Cette division intérieure est la cause de notre faiblesse, de notre impuissance et de notre confusion. Il arrive parfois que, dans les groupes de prière, les personnes ne parviennent pas à dialoguer entre elles : cela aussi est un signe de l’absence d’une véritable décision pour Dieu.

La deuxième étape consiste à s’abandonner à Dieu. Pour beaucoup de croyants, il est difficile, voire impossible, de s’abandonner complètement à Dieu. L’enfant reposant sur le sein de sa mère est l’image de cet abandon que nous devons vivre. L’homme qui ne grandit pas dans la prière au point de s’ouvrir à Dieu, ne peut s’abandonner à Lui. L’homme qui ne ressent pas l’amour et la bonté de Dieu dans la prière, comme un enfant ressent l’amour de sa mère, ne peut pas s’abandonner ni se reposer en Lui. La Sainte Vierge a dit un jour par l’intermédiaire de Jelena : « La prière est un dialogue avec Dieu. Dans chaque prière, vous devez entendre la voix de Dieu ». Il ne s’agit pas d’entendre quelque chose d’extraordinaire, mais de ressentir la communion avec Dieu, son amour pour nous.

L’étape suivante pour vivre l’offrande est de se donner à Dieu. Il ne suffit pas de s’abandonner à Dieu, il faut aussi se donner à Lui. C’est l’activité qui naît dans l’âme lorsque nous commençons à vivre pour Dieu. Plus nous nous donnons à Lui, plus nous ressuscitons dans l’âme et tout notre être est transfiguré. Si, chaque fois que nous allons à l’église, nous n’emportons avec nous qu’un bagage de choses humaines, cela signifie que nous tournons toujours autour de nous-mêmes. Nous sommes comme enfermés dans une boîte que nous voulons protéger à tout prix. Nous ne pouvons donc pas renaître.

Se donner à Dieu est un pas très profond et très important : nous ne vivons plus pour nous-mêmes, mais nous vivons pour Dieu. Vivre pour Dieu, c’est sentir qu’Il vit pour nous, qu’Il utilise toute sa toute-puissance pour nous. C’est alors que nous pouvons comprendre que nous ne manquerons de rien. C’est pourquoi Jésus dit dans l’Évangile de Matthieu : « Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » Et Il ajoute : « Regardez les oiseaux du ciel… observez comment les fleurs poussent dans les champs… ne valez-vous pas plus qu’eux ? ».[2] Cela nous fait avancer, nous fait réaliser que l’offrande est un chemin qui ouvre nos cœurs et nos âmes, qui nous élève et nous conduit à la plénitude.

L’étape suivante sur le chemin de l’offrande est le sacrifice. Lorsque des parents donnent leur vie à un enfant, ils sont également prêts à se sacrifier pour lui. Quel parent n’a pas fait de sacrifices ? Quelle mère n’a pas passé la nuit à veiller sur son enfant ? Pour elle, il aurait mieux valu dormir ! L’amour ne peut devenir parfait que si nous nous consacrons à Dieu en dépassant nos propres intérêts. Jésus-Christ nous a montré tout son amour, jusqu’à se donner pour nous. Pour que notre amour soit semblable à celui de Jésus, nous devons dépasser tous les intérêts humains. Cela ne signifie pas être passif, indifférent aux devoirs et aux responsabilités de la vie ; cela ne signifie pas non plus être fainéant ; cela signifie plutôt être libre dans son âme, ne pas s’attacher à des ambitions ou à des intérêts malades.

Chacun de nous, sur les croix qu’il vit, doit apprendre à s’élever à Dieu, comme Jésus-Christ, en sacrifiant tout ce qui ne lui permet pas de s’élever. C’est ainsi que nous devenons des chrétiens mûrs. Devenir mature signifie prier en dépassant l’intérêt personnel, en se donnant inconditionnellement à Jésus ; alors Jésus pourra aussi agir librement en nous.

L’offrande de la vie à Dieu est une chose naturelle et simple, après tout elle n’est rien d’autre que notre réponse à la grâce du baptême que nous avons reçue. Il ne peut y avoir d’autre chemin vers Dieu. Si l’âme s’ouvre à Dieu, il semble naturel de suivre Jésus-Christ pour atteindre la communion avec le Père dans l’Esprit Saint. La Mère Immaculée nous ouvre le chemin et nous enseigne comment le vivre. C’est pourquoi il est important de comprendre que les apparitions de la Vierge à Medjugorje ne sont pas une simple dévotion ; Dieu, à travers les apparitions, veut nous dire que l’Église et le monde doivent passer par le Cœur de la Mère Immaculée s’ils veulent renaître. Marie est la nouvelle créature, la nouvelle humanité, elle est la nouvelle Eve.

Tout cela nous conduit au point culminant qui est la communion : la communion avec l’Église universelle trouve son fondement dans la célébration de la Sainte Messe. Notre offrande doit être unie à l’offrande de Jésus et cela se produit par l’offrande du prêtre au cours de la Sainte Messe. Le prêtre élève vers le Père tous les sacrifices de ceux qui participent à l’Eucharistie, en les unissant au sacrifice du Christ. Lors de la Sainte Messe, nous sommes appelés à offrir nos sacrifices, mais il est important que nous offrions également le sacrifice des innocents et que nous demandions au Sauveur de consacrer toutes leurs larmes et leurs souffrances. Chaque jour, tant de sang est versé et doit être consacré ! Tant d’innocents sont séduits, assassinés ; tant d’enfants avortés et supprimés dans les différentes sectes sataniques ! C’est pourquoi nous devons présenter sur l’autel et unir à l’offrande de Jésus-Christ chaque cri de l’humanité. L’offrande du Christ est le centre autour duquel toute l’humanité se rassemble.

Les baptisés atteignent leur plénitude s’ils s’offrent comme victimes dans la Sainte Messe. Participer à la célébration eucharistique ne consiste pas à écouter de beaux sermons, mais avant tout à s’unir à Jésus-Christ, à s’offrir pour être transformé en une créature nouvelle. C’est avant tout la tâche des prêtres, et sur ce point les documents de l’Église sont très clairs ; mais c’est aussi la tâche des fidèles, sinon la participation à la Sainte Messe peut devenir une habitude ou une pratique religieuse superficielle.

Le passage intérieur à travers l’offrande n’est pas la clôture dans une expérience intérieure, dans ses propres sentiments, mais c’est un processus de croissance qui doit nous conduire à devenir des personnes mûres, libres, heureuses, capables d’affronter le mal et de le vaincre. Cette croissance personnelle devient une mission. L’Esprit Saint éveille et développe la sensibilité de l’âme, l’oriente vers ce qui est vertueux et l’aide à s’ouvrir à l’action de Dieu. En offrant notre vie, nous nous unissons à Jésus et participons à l’œuvre de rédemption, en apprenant à porter les croix qu’Il nous confie.

Quels fruits l’offrande apporte-t-elle à notre vie ?

L’offrande nous fait devenir de nouvelles créatures,[3] engendrées par le passage pascal, tant au niveau individuel que communautaire, c’est-à-dire en tant qu’Église de Dieu. En tant que nouvelles créatures, portant en nous le dynamisme de la vie trinitaire, nous devenons partie prenante de l’amour de Dieu qui aime tout le monde, les bons comme les mauvais. Remplis d’une espérance vivante, nous partageons le fardeau de la vie, en l’offrant à Dieu, et nous attendons la venue glorieuse du Seigneur. En vivant dans l’Esprit Saint, nous pouvons surmonter les aspects individualistes qui nous divisent et nous opposent les uns aux autres. En nous offrant à Dieu, nous nous faisons serviteurs de la vie les uns des autres et devenons une Eucharistie vivante.

 

Marie, au pied de la croix, s’est offerte au Père avec Jésus. Est-il indispensable de rejoindre Marie en apprenant d’Elle à vivre ce chemin d’offrande ?

Certainement. J’ai déjà dit plusieurs fois que nous ne pouvons-nous offrir à Jésus qu’à travers Marie. À travers son cœur maternel, l’amour divin se manifeste et se communique à nous de la manière la plus tendre. Cet amour ne blesse jamais, il ne force pas. Il est comme un sourire, comme un doux soleil qui se pose sur un bourgeon au printemps et le fait éclore. Les blessures les plus profondes que nous portons en nous à cause du péché s’ouvrent et guérissent devant cet amour tendre, et Satan s’enfuit. L’amour que Marie nous communique éveille en nous toutes les vertus : l’amour, la paix, la confiance, l’obéissance, la patience. Il nous aide aussi à devenir des personnes mûres et responsables, tournées vers Dieu, source de vie. Cette maturation développe en nous la capacité de nous tenir avec Marie au pied de la croix et de nous offrir avec Jésus dans chaque souffrance ou défi de la vie. De même que Marie, au pied de la croix, est devenue Mère de l’humanité, de même ceux qui s’offrent à Jésus deviennent avec Elle des pères et des mères qui génèrent la vie de Dieu et la donnent aux autres.

[1] Cf. Ph 3, 10

[2] Cf. Mt 6, 25-26

[3] Cf. Gal 6, 15